Frowin Wald ♚ [Fini ]

Son image, c’est sa vie. Tout simplement. Et on peut le déduire tout de suite, au premier coup d’œil. Il est loin de passer inaperçu. Rien n’est laissé au hasard. Même pas ses chaussettes ou ses ongles. Le vernis, il adore d’ailleurs. Il possède sa collection personnelle, interdiction d’y toucher. Bref. Ce que vous risquerez de remarquer en tout premier lieu, ce sont ses cheveux, un ensemble de mèches bleu clair, ainsi que foncées. Il aime se démarquer, et la teinture ne lui fait pas du tout peur. Tout comme les lentilles. Il est presque impossible de deviner exactement sa couleur naturelle, passant du bleu au rose du jour au lendemain, en passant de temps à autre par le gris. Ceci étant dit, les plus observateurs remarqueront qu’il porte automatiquement des lunettes lorsque ses iris sont bleues.

Et cette fois-ci, ces verres ne sont pas juste là pour décorer. Juste là pour corriger sa myopie. Il pourrait très bien se contenter d’acheter des verres correcteurs normaux, mais c’est plus fort que lui, il préfère les fantaisistes. Et lorsqu’il ne dépense pas une partie de son argent dans les lentilles, il part dans les accessoires. Mine de rien, il en porte pas mal. Assez discrets, certes, mais bel et bien présents. Un bracelet, des boucles d’oreilles, une bague, une écharpe ainsi que des colliers de temps à autres. Tant que c’est assorti à ses vêtements, tout lui va. Un conseil au passage, peu importe le prétexte du jeune homme, n’accepter jamais d’aller faire du shopping. Il est insupportable. Capable de rester trois heures dans le même magasin, il n’en sortira pas sans avoir tout essayé au moins trois fois, afin de trouver la couleur qui lui plaît le plus. Généralement, plus c’est coloré, mieux c’est. Sans entrer dans le vulgaire. Il ne faudrait pas faire de fautes de mauvais goût.

Avec son teint assez pâle, et ses traits loin d’être carrés, il peut se permettre pas mal de le chose. Et il l’a bien vite compris. Autant en profiter. De plus, on ne peut pas dire que c’est avec son gabarit plus que dans la moyenne qu’il arriverait à se démarquer. Et hors de question de se faire un ou des tatouages. Il ne les déteste pas particulièrement, et les trouve même beaux sur les autres, mais sur lui, ça ne le tente pas du tout. Il préfère le changement et la possibilité chaque jour de mettre quelque chose de nouveau, d’inventer d’autres combinaisons.

Quoiqu’il en soit, arborant assez souvent un sourire au coin des lèvres, il est loin de paraître méchant. Mais l’habit ne fait pas le moine comme on dit. Et à certains moments, il vaudrait mieux se souvenir de l’air fourbe apparaissant sur son visage durant quelques secondes.

Car Frowin est très loin d’être un ange, ou une crème. Si on ne se fie qu’à son apparence, on pourrait croire qu’il s’agit tout simplement d’un excentrique, un peu dans la lune, pas très méchant, qui est tout simplement complètement dans son trip. Pas du tout. Il fait plutôt des personnes qu’on a envie d’étrangler dès qu’elles ouvrent la bouche. Premièrement, parce que le jeune homme ne sait pas se taire. Il a un besoin constant de s’exprimer, de donner son avis, certain qu’il est plus important que celui des autres. Et ce, dans n’importe quelle situation. Que le moment s’y prête ou non.

Ceci étant dit, il ne gueulera pas non plus. Soit il se contentera de marmonner dans sa barbe inexistante, soit il chuchotera plus ou moins discrètement. Ce serait bête que personne ne puisse bénéficier de son savoir ô combien important. D’ailleurs, son hobby semble être étaler son savoir. Et être le centre d’attention. Magnifique combinaison qui ne manque pas d’énerver plusieurs personnes. Mais il n’y fait pas spécialement attention. A vrai dire, il possède un sang-froid spectaculaire. Jamais, ou presque, il ne s’emportera. Il préfère rester calme. Dans toutes les situations. Et si on le provoque, il ré-enchérira. Tout simplement. S’il s’agit simplement d’un échange verbal, Frowin s’y engagera sans aucun souci et pourra tenir durant des heures. Par contre, si on énonce le fait d’en venir aux poings, il disparaîtra, comme par magie.

Il a autant de talent pour disparaître que pour se faire remarquer. Même s’il déteste ça, il a appris à se fondre dans la masse lorsque la situation l’y forçait. Chose qui lui a sauvé la vie à plusieurs reprises ceci dit. Doublé à son sang-froid, l’allemand possède une patience à toute épreuve. Si un sujet ,ou une personne l’intéresse, il pourra l’écouter des heures durant, sans broncher. Et si quelqu’un ne comprend pas quelque chose, cela ne le dérangera pas le moins du monde de lui ré-expliquer, même dix fois de suite, de différentes manières.

C’est qu’il est loin d’être stupide, le bougre. Comme si son égo déjà surdéveloppé ne suffisait pas, il a des facilités pour étudier. Le par cœur ? Aucun problème. S’il se concentre, il retiendra très vite. Par contre, tout ce qui est plus logique, il a un peu de mal. Mais se débrouille tout de même. De toute manière, de son point de vue, il est parfaitement impossible qu’il ait tort. Si quelqu’un se trompe, c’est vous. Et si vous continuez d’affirmer le contraire, vous aurez le plaisir de faire face à sa mauvaise foi légendaire. Peu importe l’excuse, même si elle est ridicule, et peu plausible, il en sortira, jusqu’à ce que vous abdiquiez. Avoir les gens à l’usure est une très bonne manière. Qui lui permet à chaque fois de chérir un peu plus son égo.

Frowin n’a au grand jamais eu la vie difficile. Enfant unique d’une famille aisée, on a toujours cédé à ses caprices, et ce dès son plus jeune âge. Il était le centre d’attention, et quoiqu’il fasse, on le félicitait d’une manière ou d’une autre. Pas étonnant qu’il ait la grosse tête. On lui a toujours répété qu’il était meilleur que tout le monde. Il n’allait certainement pas les contredire, au contraire il apprit bien vite à apprécier les compliments. Qui, on ne va pas le cacher, ont servis à développer une certaine confiance en lui. Il savait parfaitement ce qu’il voulait, ainsi que ce qu’il devait faire pour l’avoir, en fournissant le moins d’efforts.

Loin d’être imbécile, il n’a pas tardé à utiliser ses capacités pour arriver à ses fins, le plus simplement possible, sans devoir trop se bouger ou se fouler.  Ce qui lui permit de passer ses études sans trop de problèmes, tout en ayant des activités à côté. Un peu touche à tout,  il n’était pas rare de le voir commencer des tonnes de choses, avant d’en abandonner la plupart. Bref. Jamais il n’avait eu à se plaindre. Il avait la belle vie, même un peu trop. Et plus il grandissait, plus ses parents s’inquiétaient pour son avenir. Il avait beau être doué en beaucoup de choses, surtout en langues, le jeune homme ne semblait pas le moins du monde décider à quitter la demeure familiale. Il y était trop bien. Après tout, il était nourri et logé, que demander de plus. Il n’avait pas la moindre intention de bouger de là.

Il s’était lancé dans des études de langues, plus qu’intéressé par leur apprentissage. Même si voyager n’était pas dans ses projets, il s’était vite rendu compte qu’apprendre l’Anglais lui serait utile. Et il ne comptait pas s’arrêter là. Il se lança aussi dans l’apprentissage du Russe et du Japonais, se forçant à avoir des correspondants, trouvant qu’il n’y avait rien de mieux pour apprendre à manier une langue dans toutes ses subtilités. D’ailleurs, son premier voyage se fit assez tard, lors de l’année de ses 21 ans, où il partit chez son correspondant japonais.  Deux semaines qu’il n’oubliera sans doute jamais. Auparavant, sortir de chez lui ne lui disait rien, mais il se rendit bien vite compte qu’apprendre une culture était nettement plus intéressante en allant dans le pays même que simplement observer des images. Il en revint avec un projet bien ancré en tête. Premièrement, il voulait aller voir d’autres horizons, et deuxièmement, il se questionnait enfin sur ce qu’il allait bien pouvoir faire contrairement dans le futur.

Ayant toujours aimé partager son savoir, il ne tarda pas à se tourner vers l’enseignement. Il avait beau être insupportable par moments, lorsqu’on lui avait demandé de donner quelques cours particuliers, ou simplement des explications, il s’y était toujours mis à fond. Et sans grandes surprises, lorsqu’il annonça à ses parents son envie de devenir enseignant, ils l’encouragèrent, visiblement soulagés de le voir se prendre enfin sérieusement en main.

Il passa ainsi quelques années supplémentaires aux études, combinant dès qu’il le pouvait un voyage, et finit par se retrouver avec son diplôme en main. C’était maintenant que les choses allaient se corser. Il ne pouvait pas continuer de voyager sans cesse. Il fallait qu’il trouve un endroit fixe. Une école près de chez lui ?  Définitivement non. Il avait besoin de changer d’air. C’est alors qu’il se souvint de son tout premier voyage. Celui qui l’avait le plus émerveillé. Il avait continué d’améliorer son Japonais depuis, qui plus est.

La destination choisie, il lui fallait maintenant trouver un établissement où enseigner. Et il ne voulait pas n’importe quoi. Ce n’était pas non plus comme s’il était n’importe qui. Il fit donc plusieurs recherches, contentieuses, et tomba sur Nadakai Gakuen. Tout semblait lui convenir, alors pourquoi ne pas tenter sa chance ?